domenica 12 luglio 2015

Ma bohéme

Ma bohéme


Io me ne andavo, i pugni nelle tasche sfondate;
Il mio cappotto anche era divenuto ideale;
Io andavo sotto il cielo, Musa! Ed ero il tuo fedele;
Oh! là !là! Che amori splendidi ho sognato!

Il mio unico pantalone aveva un largo buco.
-Pollicino_ sognante, ingranavo nella mia corsa
delle rime. Il mio riparo fù la Grande Orsa.
-le mie stelle al cielo avevano un dolce frou frou

E io le ascoltavo, seduto sui bordi delle strade,
In queste belle sere di settembre dove sentivo delle gocce
di rugiada sulla mia fronte, come un vino di vigore;

Dove rimanendo nel mezzo di ombre fantastiche,
come delle lire tiravo gli elastici 
delle scarpe ferite, un piede vicino al mio cuore!

Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ;
Mon paletot aussi devenait idéal ;
J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton féal ;
Oh ! là ! là ! que d’amours splendides j’ai rêvées !
Mon unique culotte avait un large trou.
- Petit-Poucet rêveur, j’égrenais dans ma course
Des rimes. Mon auberge était à la Grande-Ourse.
- Mes étoiles au ciel avaient un doux frou-frou
Et je les écoutais, assis au bord des routes,
Ces bons soirs de septembre où je sentais des gouttes
De rosée à mon front, comme un vin de vigueur ;
Où, rimant au milieu des ombres fantastiques,
Comme des lyres, je tirais les élastiques
De mes souliers blessés, un pied près de mon coeur !
Arthur Rimbaud, Cahier de Douai (1870)

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